samedi 14 mars 2015

Secret d'état



Voilà un sujet qui aurait mérité un bien meilleur traitement, dans la vraie vie comme dans ce film.

Le secret dont il est question est la révélation en 1996 par un journaliste américain, Gary Webb, de l'implication de la CIA dans le trafic de cocaïne et de crack qui explose en Californie dans les années 80.
Ce n'est de loin pas la première fois que la CIA utilise la drogue pour financer ses opérations occultes ou ses coups tordus.
On se souvient de la compagnie Air America qui rapatriait l'héroïne du Triangle d'or pour son compte.
Dans ces mêmes années 80  c'est un autre trafic de drogue qui finance le soutien aux moudjahidin d’Afghanistan contre l'Union Soviétique. Bouffer du Russe est à ce moment là la seule chose qui compte et peu importe les moyens.

Ici il est question d'apporter son soutien aux "contras" du Nicaragua dans leur lutte contre le nouveau pouvoir Sandiniste, en clair d’œuvrer au retour du dictateur Somoza.
Si les Etats Unis n'ont pu maintenir ce dernier au pouvoir après la révolution Sandiniste  ils n'en délaissent pas pour autant le Nicaragua et sa position de verrou entre les deux Amériques.
Que Somoza soit un vrai salopard n'a que peu d'importance, il était avant tout une bonne assurance contre l'influence communisme et un rempart contre Castro.
De là à aider ses partisans entrés en guérilla, il n'y avait qu'un pas.
Un pas qui coûte  très cher et qui sera financé par les bénéfices du trafic de cocaïne et de crack favorisé par la CIA pendant cette période.

Ces révélation furent rendues publiques dans le San José Mercury, le quotidien de la ville de San Jose en Californie, en trois articles regroupés sous le titre "Dark alliance"

S'il y eu scoop, tollé et indignation cela ne dura pas très longtemps.
Qu'une telle affaire ait pu passé sous le nez des grands journaux comme le New York Times ou le Washington Post est rapidement devenu  insupportable à beaucoup de confrères.
Si Webb est d'abord encensé, les soupçons sur la fiabilité de son travail apparaissent très vite. La CIA va alors orchestrer une efficace campagne de propagande pour le discréditer et entacher son travail de suspicion de fraude et de mensonge.
Son propre journal, que l'affaire dépasse et qui subit des pressions, ne le soutiendra pas

Sa famille, son travail, sa réputation, et certainement toutes ses convictions, n'y résisteront pas.
Il sera retrouvé en 2004, suicidé de deux balles dans la tête.
Classique ...

Le film raconte mais ne captive pas, comme si le réalisateur n'était pas plus passionné que cela par son sujet.

Le vrai Gary Webb

C'est étonnant le destin de ce journaliste qui découvre quelque chose d'au moins aussi énorme que les révélations du Watergate.
Quelque chose qui ne relève pas seulement du scandale politique.
Il est ici question d'une entreprise criminelle de grande envergure menée par les propres services secrets des Etats Unis.
Une entreprise criminelle dont la finalité n'est rien moins que de favoriser le retour d'un dictateur à la tête du pays dont il a été chassé.
Pas besoin de chercher des scénarios de thriller, il n'y a qu'à puiser !

Mais étonnamment  le destin de la "dark Alliance" de Webb n'aura pas celui du Watergate.
Une fin plutôt triste et tragique.

Une leçon de real politik  ...

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